Le lichen scléro atrophique cause de dyspareunie majeure

Le lichen scléro atrophique vulvaire ( LSA) est une grande cause de dyspareunie et si on ne pense pas à ce diagnostic, on peut ne jamais trouver le traitement adéquat qui soulage la patiente en quelques jours.

Le LSA est une maladie chronique dermatologique qui se localise parfois au niveau de la vulve, affectant grandes et petites lèvres et rendant les rapports sexuels douloureux. Les tissus se sclérosent et il existe un rétrécissement de l’orifice vulvaire empêchant toute relation sexuelle.

Si on ne pense pas à ce diagnostic, on traite la patiente pour une sécheresse vaginale avec des crèmes hormonales totalement inopérantes. La corticothérapie locale est la solution, la seule solution, pour atténuer la sclérose tissulaire et, en utilisant des crèmes à la cortisone de façon répétée, la vulve reprend un aspect normal et les rapports sexuels redeviennent possibles car indolores.

Malheureusement, le LSA est une maladie chronique. Les soins à la cortisone peuvent être espacés une fois l’amélioration obtenue, mais il ne faut pas les cesser sous peine de rechute.

Le diagnostic n’est pas facile à faire car le LSA, à son tout début, ressemble à s’y méprendre à :

une mycose car le prurit est fréquent ainsi que des éraillures de l’orifice hyménéal, éraillures et fissures que l’on retrouve dans une infection à candida. Par ailleurs, on peut avoir et une candidose et un LSA.

une sécheresse post ménopausique : certaines femmes ont, au bout de quelques années de carence oestrogénique, un rétrécissement du conduit vaginal.

Le plus souvent, nous ne faisons pas tout de suite le diagnostic de LSA. On y pense lorsque les traitements que nous avons prescits pour une mycose ou une sécheresse postménopausique sont totalement inopérants.

On évoque alors le diagnostic de LSA et la certitude de ce diagnostic n’est apportée que par une biopsie de la vulve : le diagnostic de certitude est anatomopathologique. La vie de la patiente va être alors totalement changée: car on va , enfin, lui proposer le traitement adéquat de son prurit chronique et/ ou de sa dyspareunie. Le traitement qui soulage sans guérir définitivement, ce sont des crèmes à base de cortisone.

Les résultats sont spectaculaires : il faut prescrire cette corticothérapie locale tous les jours puis espacer les applications mais ne jamais les arrêter. Chaque femme a sa prescription qu’elle adapte selon ses symptômes. Pour certaines, une application toutes les semaines est suffisante, pour d’autres une semaine par mois est parfait.

Il s’agit une affection dermatologique chronique dont on ignore l’origine mais qui peut être le lit du cancer de la vulve; c’est pourquoi, une patiente affligée d’un LSA doit venir en consultation tous les ans et bien suivre son traitement.

De très jeunes filles, prépubères, peuvent avoir un LSA : la vulve gratte et brûle mais cette maladie atteint plus particulièrement les femmes de la cinquantaine.

Il existe une affection de la femme plus jeune qui concerne son périnée et qui donne une dyspareunie orificielle qui fait penser à un LSA : il s’agit de la formation d’une bride périnéale postérieure suite à un accouchement.

La patiente décrit alors, lors de la pénétration, une sensation de tension à l’entrée du vagin, de déchirure, parfois un saignement (comme ce que décrit une patiente porteuse de LSA). L’accouchée a la sensation d’avoir « été recousue trop serré ».

La bride peut  être si scléreuse qu’il faut un acte chirurgical sous anesthésie générale pour récupérer un orifice hyménéal de dimension normale mais, fort heureusement, dans la plupart des cas, la bride est ténue et je préconise un soin médical qui l’assouplit. Il s’agit de la pommade MADECASSOL à appliquer sur le périnée postérieur deux fois par jour pendant un mois. Je revois ma patiente avant de donner le feu vert pour la reprise des rapports sexuels: la vulve est de nouveau souple, les cicatrices de l’épisiotomie aussi et la bride périnéale a disparu.

Il existe des brides périnéales chez la femme ménopausée et la pommade MADECASSOL a toute sa place dans les soins locaux pour assouplir le périnée et permettre des rapports sexuels indolores. Dans le LSA, je prescris souvent un mix de crèmes corticoïdes puissantes ( Locapred, Betneval) et de Madecassol.

La chirurgie d’élargissement de l’orifice hyménéal recommandée en cas d’hymen scléreux, de bride vaginale épaisse, est parfois nécessaire dans le LSA résistant à la corticopthérapie locale : en 30 ans de carrière, je n’ai vu qu’une seule patiente être obligée de recourir à la chirurgie réparatrice vulvaire pour LSA rebelle.

Je ne voulais pas finir de parler de la dyspareunie  sans évoquer ces diagnostics (bride hyménéales et LSA)  dont les traitements sont spécifiques et n’ont rien à voir avec des traitements axés sur la sécheresse vulvo vaginale.

Voici le témoignage d’une internaute victime de LSA qui parle de son expérience et de ses soins :

J’aime beaucoup vos articles, utiles et chaleureux. Merci. Je me permets  de signaler (si vous le jugez pertinent) l’association Verein Lichen Sclerosus. https://www.lichensclerosus.ch/fr/home Je suis moi-même atteinte de LSA et bien soignée. Mais cette maladie fait se sentir isolée, il est difficile de trouver à en parler avec d’autres personnes concernées. Cette association de malades pour des malades et médicalement très sérieuse est en langue allemande (Suisse Allemagne, Autriche). Les pages du site commencent à être traduites en français et sinon avec google traduction on peut les comprendre. Adhérer à cette association m’a apporté beaucoup de soutien et d’échanges. Une association existe aussi en Angleterre, mais pas en France, à ma connaissance