Savoir interpréter un frottis

Je vais, dans ce billet, vous donner des pistes pour décoder les résultats d’un frottis cervico vaginal.

Voici des termes barbares qui font peur à leur lecture et qui pourtant ne décrivent que des choses normales :

CERVICITE : simple inflammation du col, totalement banale lorsque l’on a une vie sexuelle. Pas besoin de traitement sauf si on repère un candida ou du gardnerella.

ENDOCERVICITE: idem, terme fréquemment retrouvé lorsque l’on porte un DIU. Pas besoin de traitement.

CYTOLYSE A DODERLEIN : sans importance, simple acidité vaginale.

REMANIEMENT JONCTIONNEL MATURE ou IMMATURE : aucune importance. Pas de traitement.

REMANIEMENT JONCTIONNEL METAPLASIQUE : normal, pas d’affolement.

METAPLASIE MALPIGHIENNE : tout à fait normal, cela veut juste dire que les cellules se renouvellent.

 Ce n’est pas vraiment un état pathologique, mais le signe de « vie » du col. Elle correspond le plus souvent à une adaptation des tissus à de nouvelles conditions environnementales. Une métaplasie non infectée par un virus HPV  n’est pas dangereuse.

DYSTROPHIE CERVICALE ou ENDOCERVICALE : les cellules poussent mal parce qu’elles sont enflammées ou en manque d’hormones. C’est totalement bénin et cela ne provoquera jamais de cancer du col.

ATROPHIE CELLULAIRE: état hormonal tout à fait bénin qui signifie un manque d’imprégnation en oestrogènes soit parce que l’on est ménopausée, soit parce que l’on prend depuis trop longtemps la pilule ou que l’on vient d’accoucher.

LEUCOKERATOSE : sans importance s’il n’y a pas d’HPV, ne se traite pas

PARAKERATOSE : idem

PRESENCE DE CELLULES ENDOCERVICALES ET JONCTIONNELLES : cela signifie que le frottis a été bien réalisé et qu’il a balayé tout le col, l’extérieur et l’intérieur.

Voici des termes barbares qui sont plus inquiétants:

ASC-US : le médecin anatomo pathologiste ne peut pas trancher entre infection banale et infection virale. Il faut ou refaire le frottis dans 6 mois ou rechercher le virus HPV. Cette recherche d’HPV est négative dans 8 cas sur 10 : l’inflammation de votre col est banale : frottis à refaire dans un an, comme d’habitude.

Quand la recherche d’HPV est positive, il faut faire une colposcopie …qui revient négative dans 6 cas  sur 10 : il n’y a aucune verrue, aucune dysplasie, vous êtes porteuse saine du virus que vous éliminerez dans les mois qui suivent. Vous devrez répéter vos frottis tous les six mois jusqu’à disparition de la virose. La présence d’HPV, même oncogène (=cancérigène), n’a aucune importance tant que le virus ne provoque pas de dysplasie, et c’est fort rare qu’il provoque une dysplasie, heureusement !

CELLULES KOILOCYTAIRES : cellules avec un gros noyau pouvant témoigner d’une infection virale. Il faut faire une recherche d’HPV. Quand elle revient positive, le médecin préconise alors une colposcopie pour préciser l’intensité de l’infection et traiter en fonction.

CONDYLOME : verrue à biopsier sous colposcopie pour vérifier qu’il n’y a pas quelque chose de plus grave dessous. Le diagnostic de condylome se fait sur un amas de cellules koïlocytaires.

Voici des termes plus inquiétants :

CELLULES DYSKERATOSIQUES : cela veut dire que les noyaux sont infectés vraisemblablement par le virus HPV . Une recherche de virus s’impose ainsi qu’une colposcopie pour vérifier s’il n’y a pas des lésions dysplasiques à retirer par conisation.

CELLULES DYSPLASIQUES : cela veut dire que le virus HPV a attaqué votre col. La colposcopie s’impose, sans même rechercher le virus HPV,  avec biopsies pour voir la sévérité et la profondeur des lésions. Si la dysplasie est légère ( CIN I) , on se contente d’une surveillance. Si la dysplasie est moyenne(CIN II), certains gynécologues préconisent une surveillance chez des femmes jeunes mais d’autres préfèrent une conisation thérapeutique. La dysplasie sévère (CIN III) impose la conisation car c’est l’étape avant le cancer du col. La dysplasie sévère n’est pas un cancer, certaines dysplasies peuvent régresser spontanément ou rester stables ou évoluer mais comme on n’a pas envie d’attendre les bras croisés que cela évolue, on retire une partie du col par conisation pour emporter toute la zone dysplasique. C’est ainsi que l’on est sûr d’éviter le passage au cancer.

CONCLUSION

Les laboratoires d’anatomo pathologie ne font que décrire les cellules du col qu’ils voient sous leur microscope et n’ont pas le droit d’écrire « frottis normal » en conclusion, ce qui serait moins angoissant que « absence de lésion intra épithéliale »!

La plupart des labos ne communiquent pas à la patiente le résultat d’un frottis présentant une infection à HPV, bénigne comme sérieuse. C’est le médecin qui reçoit le frottis qui doit vous prévenir et vous les commenter de vive voix.

Donc, lorsque vous recevez votre frottis, c’est qu’il est quasi normal même quand il y a plein de mots barbares écrits.

Un petit problème, c’est le frottis ASC-US : le médecin du labo ne se prononce pas sur une infection à HPV. Il propose donc une recherche HPV dont vous recevrez les résultats dans les 15 jours :

si le virus HPV est absent, le frottis redevient normal et vous reprenez le rythme habituel de vos consultations.

si le virus HPV est présent, votre gynécologue vous préconisera une colposcopie pour savoir si vous êtes porteuse saine du virus ou si vous avez une verrue bénigne (condylome)ou une verrue qui commence à se transformer en dysplasie (état précancéreux)

Un problème plus sérieux, c’est la dysplasie : il n’y a pas à tergiverser, la colposcopie s’impose sans attendre, avec conisation comme traitement si la dysplasie est sévère.

Je répète qu’il est quasiment impossible de trouver un vrai cancer du col de l’utérus si vous prenez soin de ne pas espacer vos frottis à plus de deux ans d’intervalle ! Mais quasiment ne veut pas dire jamais ,hélas, il existe de très rares cas de cancers d’intervalle mais pris à temps , ils se soignent bien avec désormais une chirurgie minimale quand on n’a pas eu d’enfants .