Pilule oestroprogestative vs pilule progestative pure

PILULE OESTROPROGESTATIVE

C’est une pilule composée d’hormones féminines et de progestérone de synthèse

Les hormones féminines peuvent être:

naturelles comme dans Qlaira et Zoely

ou artificielles : c’est l’ethinyl oestradiol à 15, 20 , 30, 35, 50 gammas.

Quel est l’avantage de prendre une OP aux hormones naturelles ?

Il y a moins de migraine, moins de cellulite, moins de cholestérol, moins de sécheresse vaginale ….mais il n’y a pas absence totale de risque vasculaire.

Je vous rappelle que les hormones féminines naturelles sont merveilleuses quand elles ne passent pas par le foie. Quand on avale un comprimé d »oestradiol naturel, il passe par le foie et fait monter les facteurs de coagulation…à peu près comme EE.

Donc, pas de miracle , Qlaira et Zoely sont contre indiquées chez les fumeuses de plus de 35 ans, et toutes les femmes à risque de phlébite.

Par ailleurs, EE potentialise mieux androcur que Provames , ce qui fait que les résultats sur l’acné , les poils, les cheveux sont meilleurs avec des traitements comprenant de l’EE .

La question des « générations  » de pilules ne concerne que les pilules oestroprogestatives et pas les progestatives pures.

Selon le type de progestatif associé à l’hormone féminine , on a des pilules plus ou moins dangereuses pour la coagulation veineuse.

La quantité d’EE importe peu pour la coagulation veineuse : on fait autant d’embolie avec une 15 gammas qu’avec une 50 ( et , dans mon expérience personnelle, on en fait même plus ! J’ai une patiente qui a été sous Minulet pendant dix ans sans aucun problème . Quand elle a eu 35 ans, j’ai voulu passer à une 15 gammas pensant que c’était mieux pour sa glande mammaire , sa mère ayant fait un K du sein, et bien dix huit mois plus tard , elle déclarait une phlébite sous Minesse, qui est Minulet à 15 gammas).

Triella est une première génération

Toutes les pilules au levonorgestrel sont des 2G

Varnoline, Desobel , Harmonet sont des 3G

Diane est hors concours : elle n’a pas été classée car elle n’était pas considérée comme une pilule jusqu’à aujourd’hui.

Jasmine, Jasminelle et Yaz sont des 4G qui multiplient par 8 les risques de phlébite

On a mis Qlaira, Zoely et Belara dans les 4G pour une raison que j’ignore car il n’y a pas vraiment de risque de phlébite avec ces pilules.

De toutes façons, tout va être remis à plat dans quelques mois.

Nous ne savons pas les conséquences des hormones féminines de Nuvaring et du patch Evra. On devrait les ranger entre les 2G et les 3G.

L’avantage des pilules oestroprogestatives, c’est qu’elles donnent des cycles réguliers. C’est bien pratique.

Mais elles ont des inconvénients : cellulite, migraines, tâches pigmentées sur la peau, mastose, jambes lourdes.

Et elles ont des contre indications absolues : antécédent personnel d’infarctus, cholestérol élevé, antécédents familiaux ou personnels de phlébite et bien sûr tabagisme.

Donnent-elles le cancer du sein ? Peut-être, surtout les plus de 20 gammas mais il ne faut pas croire que les pilules progestatives pures sont innocentes.

Elles protègent des kystes fonctionnels de l’ovaire mais pas des kystes du sein, des cancers de l’utérus et des cancers de l’ovaire.

En conclusion : les risques vasculaires artériels ( infarctus , AVC, artérite) sont accentués avec la dose d’EE . Plus elle est élevée, plus les risques sont grands. Les pilules avec des oestrogènes naturels ont les plus faibles risques d’accidents artériels mais ces risques ne sont pas nuls. Voila pourquoi beaucoup de médecins obligent des femmes de 40 ans à passer à une pilule progestative pure qui n’a AUCUN risque d’accident artériel.

Les risques d’accidents veineux ( phlébite, embolie, thrombose de l’oeil ou du cerveau) sont les mêmes que vous preniez une 15 ou une 30 gammas : ils varient avec le type de progestatif mais la différence entre les progestatifs est faible et le gouvernement a grossi les risques des pilules 3 et 4 G créant une psychose injustifiée parmi les utilisatrices des 3 et 4G. La commission européenne recommande donc à la France d’être un peu moins excessive tout en restant rigoureuse.

Toute femme doit savoir, en prenant une pilule oestroprogestative de n’importe quelle marque , quels sont les symptômes :

d’une phlébite : rougeur et douleur dans un mollet : allez consulter votre généraliste qui prescrira un doppler pour le diagnostic de certitude

d’une embolie pulmonaire : essoufflement constant même en marchant à plat , tout doucement Le généraliste  vous adressera à l’hôpital sitôt le diagnostic suspecté pour établir le diagnostic de certitude et faire les premiers soins d’urgence.

Les notices des pilules devront être modifiées pour mieux sensibiliser les femmes aux risques veineux qui peuvent survenir chez des sujets apparemment en bonne santé.

L’obésité, des antécédents familiaux de phlébite sont de très gros facteurs de risque d’accidents veineux mais pas l’âge . Donc obliger une patiente mince de 40 ans à cesser sa pilule oestroprogestative est une hérésie : il faut moduler nos prescriptions et faire du cas par cas.

PILULE PROGESTATIVE PURE

C’est la pilule qui sera prescrite par tous les médecins qui ont peur de passer devant un Tribunal pour cause d’accident vasculaire sous pilule classique.

Il en existe deux sortes :

Les microprogestatives ( Cerazette, Microval) et les macroprogestatives ( Lutenyl, Surgestone , Luteran)

Les microprogestatives se prennent en continu, en non stop ( donc aménorrhée ou cycles anarchiques à la clef) tandis que les macroprogestatives peuvent se prendre avec une pause de 7 à 10 jours entre deux séquences de vingt jours.

Pourquoi préférer une pilule progestative à une oestroprogestative ?

Parce qu’elles n’ont pas du tout les risques artériels et veineux des OP classiques.

Les fumeuses , les femmes avec des jambes lourdes, des risques de phlébite, des risques d’infarctus ont le droit à cette contraception progestative alors que les OP leur sont interdites.

Les migraineuses, les femmes ayant mal aux seins, seront soulagées avec une pilule progestative. Pareil pour toutes celles qui souffrent de syndrome prémenstruel : elles trouveront un apaisement à leur souffrance avec une progestative pure.

Les femmes qui ont de l’endométriose ou des fibromes seront ravies de ne plus avoir de règles abondantes et douloureuses grâce à une progestative pure.

Les femmes qui allaitent ont le droit de prendre une pilule microprogestative

Comment choisir sa pilule progestative ?

Microval est tellement microdosée qu’elle ne bloque pas l’ovulation donc elle ne donne aucun coup de bambou sur la libido, ne fait jamais grossir et n’a quasiment aucun effet secondaire à part un peu d’acné parfois. Seulement, il faut la prendre à heure fixe sinon elle n’est pas efficace. De plus , il faut être très patiente pour avoir des cycles réguliers : six à neuf mois de prise.

Cerazette est un peu plus dosée et permet des oublis de douze heures. Elle donne un peu plus d’acné que Microval. C’est souvent une aménorrhée que Cerazette induit sauf quand on utilise certains génériques qui sont affreux et donnent beaucoup de saignements et des douleurs de ventre.

Le Luteran est une pilule macroprogestative excellente car elle est autorisée chez toutes les femmes fragiles des vaisseaux, les diabétiques, les cardiaques, celles qui ont de l’adénomyose et des fibromes. Elle fait très peu grossir, donne très peu d’acné, ne fait jamais mal aux jambes, met en aménorrhée certaine ce qui est très pratique pour beaucoup de femmes.

Le Lutenyl est une macroprogestative qui est fameuse pour éviter les mastoses, les kystes fonctionnels de l’ovaire, l’endométriose. Elle peut faire un peu grossir et donne de l’acné et n’est pas aussi innocente sur les veines que luteran.

Surgestone ressemble à Lutenyl . Parfois on ne supporte pas Lutenyl : on saigne et avec Surgestone , tout rentre dans l’ordre !

Androcur est un progestatif qui évite l’acné. C’est difficile de le prendre seul car il donne de violentes contractions utérines. Il faut lui associer des oestrogènes et si on veut garder le bon côté protection vasculaire, il faut choisir un oestrogènes transdermiques , à la rigueur un oestrogène naturel per os. On ne sait pas quand commence la contraception avec Androcur : 1/4 ? 1/2 et 1 cp sûrement . Pour le moment, toutes mes patientes à 1/4 de cp n’ont pas eu d’accident de contraception.

CONCLUSION

Il existe (presque) une pilule pour chaque femme.

Il faut faire du sur mesure et ne pas obliger une patiente à prendre une pilule qu’elle ne désire pas …sauf contre indication médicale formelle et ces contre indications formelles sont bien connues. Après il reste les contre indications relatives :

le tabac : à partir de quel âge juge-t-on que la pilule oestroprogestative est interdite ? Moi, je me fie aux notices des pilules et j’ai donné 35 ans mais je connais des gynécologues qui refusent les OP aux jeunes filles fumeuses contraintes de prendre Cerazette

le surpoids : à partir de quel IMC la pilule est-elle dangereuse ? L’obésité oui, c’est certain mais un simple surpoids ?

l’hypertension : quand elle est isolée et bien contrôlée , ce n’est pas une contre indication formelle aux OP mais est-ce bien raisonnable de poursuivre une OP alors que l’on sait qu’un progestative pure est totalement innocente sur l’encrassement des artères ?

les varices : il n’y a aucune corrélation entre varices et phlébite mais est-ce bien raisonnable de prescrire une OP qui aggrave l’insuffisance veineuse alors que Luteran ne le fait pas ?

les risques de K du sein : on sait qu’ils sont proportionnels à la durée de prise des OP et à la quantité d’EE . Ne doit-on pas proposer à chaque femme de 30 ans de troquer sa 30 gammas contre une 20 ?

Tous les jours , nous devons nous poser la question de la pertinence de nos prescriptions : ne pas être dogmatique et caricatural mais ne pas être laxiste non plus. Pas facile le job !

Quelle contraception pour les « oublieuses » de pilule ?

Elles sont de plus en plus nombreuses les femmes qui ne peuvent s’astreindre à la prise quotidienne de leur pilule.

D’abord, il y a les femmes qui viennent d’accoucher et ont du mal, entre deux tétées et deux changes, à penser à leur contraception.

Et puis, il y a toutes celles qui en ont assez d’être sous médicaments en non stop.

La prise quotidienne de la pilule était légère pour les femmes des années 70 qui accédaient avec bonheur à la liberté sexuelle, sans l’angoisse d’une fécondation non désirée. Dans les années 2000, la contraception orale s’est banalisée et cette prise quotidienne est une corvée, d’autant que la contraception démarre quelque fois à peine la puberté arrivée ! A 20 ans, une jeune fille prend  parfois la pilule depuis 7 ans, et 7 ans c’est très long, une lassitude s’installe, les oublis se multiplient et le désir émerge d’avoir une contraception à laquelle on ne songe plus.

Quelle contraception peut-on proposer à toutes ces patientes qui m’avouent oublier souvent de prendre chaque jour leur pilule ?

LE PATCH EVRA

C’est une contraception hormonale sous forme de patch à coller sur la peau, à changer chaque semaine et ce pendant trois semaines. On fait une pose d’une semaine pour laisser venir les règles et on repart pour trois semaines de patchs. Si on oublie un jour de changer son patch, ce n’est pas très grave.

C’est une contraception chère, pas remboursée, qui est assez bien tolérée sauf pour des patientes fragiles des seins : le patch Evra donne des douleurs de sein, surtout les trois premiers mois.

Le patch ne se décolle pas lors des douches et des baignades.

Le port du patch peut entraîner un eczéma de contact.

L ANNEAU VAGINAL NUVARING

L’essayer, c’est l’adopter.

On pose un anneau au fond du vagin qu’on laisse en place pendant trois semaines.

On retire son anneau pour faire une pause d’une semaine afin de faire venir les règles. Si on souhaite ne pas avoir ses règles, on enchaîne deux anneaux de suite.

Le partenaire n’est pas gêné par l’anneau et, s’il l’était, il est possible de retirer son Nuvaring pendant le temps du rapport sexuel (le Nuvaring reste contraceptif jusqu’à trois heures en dehors du corps).

L’anneau contient des hormones qui sont diffusées sur trois semaines, par voie vaginale.

Il n’existe pas de prise de poids sous Nuvaring, ni de migraines cataméniales.

L’anneau ne fait pas monter le cholestérol, ni les triglycérides.

Il laisse un vagin en forme : pas de sécheresse, très peu de mycoses donc la vie sexuelle est meilleure que sous pilule classique.

Un inconvénient : il ne tient pas chez les femmes qui ont un relâchement du périnée et un début de descente d’organe.

Autre inconvénient : il est cher ( 12 euros par mois) et pas remboursé.

Certaines de mes patientes qui détestent mettre des tampons, refusent d’envisager le port du Nuvaring. Il faut donc proposer d’autres alternatives.

LA PILULE ZOELY

Il s’agit d’une pilule en non stop qui laisse venir des règles régulières et dont le progestatif contraceptif a une demi vie très longe de 46 heures (versus 12 heures pour les autres) ce qui apporte une sécurité contraceptive non négligeable.

LES DIU

Qu’ils soient au cuivre ou aux hormones, les stérilets sont des alternatives très prisées chez les oublieuses de pilule.

Beaucoup de jeunes filles souhaitent ce moyen de contraception.

Je répète les contre indications au port du DIU chez une nullipare :

utérus de petite taille, inférieure à 4 cm,

infection en cours ou antécédent de salpingite à chlamydiae,

règles abondantes et douloureuses (en attendant le Mini Mirena),

acné sévère,

douleurs pelviennes liées aux microkystes dans la pathologie des ovaires polykystiques,

jeune fille ayant de multiples partenaires ou incapable de se plier à une surveillance gynécologique deux fois par an.

La contraception par DIU est très appréciée chez les femmes qui viennent d’accoucher. Il est nécessaire de bien préciser à la patiente les avantages mais, surtout, les inconvénients de ce mode de contraception afin que notre patiente prenne une décision en toute connaissance de cause. Il faut savoir aussi préciser qu’il existe 15 % de femmes qui ne tolèreront jamais le stérilet, même si elles adhèrent à ce mode de contraception,  que les intolérances se repèrent dans les trois à six mois qui suivent la pose et que nous sommes à la disposition de la patiente pour la revoir au moindre souci….mais, que, heureusement, il reste 85 % de femmes enchantées par cette méthode !

L IMPLANT

Il s’agit d’un bâtonnet que l’on introduit sous la peau de l’avant bras après anesthésie locale. Cet implant diffuse de la progestérone contraceptive en continu sur trois ans.

Je vais consacrer mon prochain billet à discuter des avantages et des inconvénients de cette méthode extrêmement pratique pour les oublieuses.