Quand ça démange : la mycose

Les démangeaisons vulvaires sont une cause fréquente de consultation.

Dans ce premier billet, je vais vous parler de la cause majeure de prurit vulvaire : la mycose vaginale.

Le candida albicans est partout dans la nature. Nous ne pouvons pas y échapper. Ce qui est anormal, ce n’est pas d’avoir du candida albicans au fond du vagin, mais d’en souffrir.

Pourquoi, tout à coup, le candida albicans nous fait-il souffrir ? Parce que nos défenses immunitaires locales sont débordées.

Comment se fait-il que nos défenses soient débordées ? Alors là, les causes sont nombreuses.

Nos défenses naturelles sont débordées quand notre système immunitaire local fait momentanément défaut en cas de :

stress

état de grossesse

prise de cortisone

fatigue thyroïdienne pas facile à dépister : les dosages sanguins des hormones thyroïdiennes sont grossiers et « loupent » des mini déficiences de cette glande dont l’action est primordiale pour nous protéger

état allergique : ce qui provoque les démangeaisons, ce n’est pas le candida mais la candidine qu’il libère : cette substance est allergisante, c’est pourquoi les personnes souffrant d’allergie (asthme, eczéma) auront des manifestations plus violentes de l’infection à candida. Parfois, la mycose n’est même pas repérée par la femme, c’est son partenaire, allergique, qui se plaint de rougeurs. La gêne du partenaire fait le diagnostic de mycose féminine car il n’existe que le candida pour donner des rougeurs sur le pénis d’un partenaire à la suite d’un rapport sexuel !

Nos défenses immunitaires sont aussi  débordées lorsque les levures se multiplient au millier en cas de :

prise d’antibiotiques : les antibiotiques tuent les mauvais microbes mais aussi les bons, notre vagin n’est plus protégé par sa flore de défense, le candida albicans devient le seul maître des lieux et prolifère

lavages trop fréquents : la mycose est la maladie de la femme propre

port de vêtements serrés ou/et en synthétique : les strings, mais aussi les maillots de bain en lycra, les caleçons, les tenues de sport

augmentation des hormones féminines : certaines patientes ont des mycoses à répétition tous les deux mois jusqu’à la pré ménopause, où les crises s’espocent quand les règles s’espacent aussi

augmentation du taux de sucre dans le sang : les patientes diabétiques sont sujettes plus que les autres aux mycoses

Il existe des « épidémies » de mycose : depuis trente ans que j’exerce, je constate qu’il y a une augmentation des consultations pour mycose par périodes de deux mois. Le candida prolifère à la saison des asperges puis à celle des fraises puis aux vacances avec les baignades puis à la saison des raisins puis lors des épisodes de grippe ou de gastro entérites (avec prise d’antibiotiques).

La mycose est-elle sexuellement transmise ? Oui et non.

Oui, vous pouvez contaminer votre partenaire qui peut faire une réaction allergique à la candidine et présenter des boutons rouges sur le sexe mais la candida n’aime pas la peau des hommes et ne reste pas chez eux : il préfère la cavité chaude et humide qu’est notre vagin.

Non, un homme ne peut pas vous transmettre du candida : le traitement d’un partenaire asymptomatique est inutile.

Oui, un rapport sexuel favorise la mycose car l’échauffement du vagin lors du rapport fait proliférer le candida préexistant et la mycose latente devient alors  symptomatique.

Comment prévenir le candida ou plutôt sa prolifération (puisque vous avez compris qu’il est naturel d’avoir du candida dans nos intestins et dans notre vagin en faible quantité) ?

L’alimentation joue un grand rôle : il faut éviter les laitages frais (yaourts, fromages blancs) et préférer le lait de soja, ne pas manger trop sucré, bien sûr.

L’habillement est aussi important : une de mes patientes qui faisait des mycoses à répétition, a cessé d’en faire du jour où elle a été contrainte par son métier de porter des jupes ! Evitez les protège-slips, ils empêchent votre peau de respirer. L’oxygène et le frais permettent à nos défenses naturelles de s’exercer.

La piscine est un facteur de mycose, non pas parce qu’il y a du candida dans l’eau, mais parce que le chlore favorise le développement de la levure et que l’on porte un maillot en fibre synthétique. Un conseil : en sortant de la piscine, lavez vous bien avec une base lavante,  séchez-vous bien et enfilez un slip en coton. Ne restez pas trop longtemps avec votre maillot si vous êtes sujette aux mycoses.

Evitez les antibiotiques et si vous êtes contrainte d’en utiliser, associez les avec six gélules d’ultralevure par jour ou demandez à votre médecin de vous prescrire de la Fungizone per os afin de débarrasser vos intestins du candida.

La pilule peut  être un facteur de mycose à répétition surtout les pilules oestroprogestatives; les pilules à la progestérone pure comme Cerazette peut rendre service en espaçant les mycoses (mais le résultat n’est pas certain).

Un DIU laissé en place trop longtemps peut garder du candida sur les fils et les traitements antifungiques sont incapables de stériliser un corps étranger. Aussi faut-il penser à changer de DIU en cas de mycoses récidivantes.

Existe-t-il un traitement préventif des mycoses ? Non, pas vraiment.

J’ai proposé à des patientes très gênées par des mycoses à répétition:

des cures de Florgynal : inutile

la pose de tampons Florgynal pendant les règles : inutile

la prise de probiotiques : inutile

Je n’ai trouvé qu’une seule solution efficace pour traiter les mycoses à répétition : un traitement antifungique de longue durée, sur six mois voire un an à base de TRIFLUCAN : 3 cp en prise unique trois fois par mois sur six mois. Ce traitement n’est pas autorisé lorsque l’on souhaite un enfant mais sinon, il est remarquablement efficace. Après six mois de traitement, on fait un break et les rechutes sont exceptionnelles, la patiente est enfin tranquille pendant plusieurs années. Si le traitement n’est pas respecté à la lettre, que la patiente oublie une fois ses comprimés, la mycose rechute et tout est à refaire. Pourquoi ce traitement au long cours est-il efficace ? Parce qu’il débarrasse les moindres recoins de notre corps du candida et que, pendant ce temps là, notre système de défense peut souffler un peu, recharger ses batteries et être opérationnel à la fin du traitement.

Le TRIFLUCAN 150 est vendu sur ordonnance et remboursé. Il existe le même produit vendu sur ordonnance et donc remboursé sous le nom de BEAGYNE que l’on prend trois fois par mois, 1 cp, pendant 6 mois. Autrefois, beagyne était non remboursé et on arrivait à s’en procurer sans ordonnance. Cela semble difficile aujourd’hui où le gouvernement a pris soin d’interdire toute vente de médicament en France par une pharmacie internet basée à l’Etranger.

Bien sûr, il faut utiliser une base lavante douce pour son hygiène intime (un lavage par un gel douche du commerce utilisé inopinément peut déclencher une mycose) mais il n’existe aucun soin d’hygiène intime qui prévient les mycoses à part, peut-être, le gel MYLEUCA : je le prescris depuis un an chez des patientes qui ont des crises fréquentes de prurit vulvaire avec de très bons retours.

Attention : l’industrie pharmaceutique n’a conçu aucun traitement nouveau contre le candida depuis des années. Nous proposons toujours les mêmes ovules depuis quinze ans : inutile de vous dire que le candida est devenu résistant à tous les ovules en vente libre ou non ! Lorsqu’on met un ovule au fond du vagin, seuls 40% des candida sont tués, notre immunité finit le travail.  La fungizone est un produit qui « marche » encore bien mais elle ne se fait pas en ovule. Alors, dans certains cas, je préconise l’apport de fungizone par voie locale en utilisant la fungizone nourrisson en pipelle à raison d’une pipelle au fond du vagin pendant 15 jours et pour certaines patientes allergiques aux ovules habituels, c’est un traitement peu commode mais remarquablement efficace.

Conclusion : le prurit vulvo vaginal mycosique est banal et sans danger, mais provoque un inconfort bien désagréable. Faire une mycose par an est presque normal mais se plaindre de mycose tous les deux mois ne l’est pas. Il faut alors, avant de prescrire le nième ovule, faire un bon diagnostic : un examen cytobactériologique vaginal avec recherche de chlamydiae peut montrer :

que votre mycose cache une infection à chlamydiae qu’il faut soigner pour éradiquer le candida

ou que votre soit disant mycose n’en est pas une !

Tous les prurits vulvaires ne sont pas des mycoses comme je vais vous l’expliquer dans mon prochain billet.

491 commentaires sur “Quand ça démange : la mycose

  1. J’ai consulté un naturopathe il y a 10 ans. C’est lui qui m’a parlé la première fois de la candidose, de ma probable intolérance alimentaire et de l’importance de l’alimentation. Il m’a prescrit de nombreuses choses : du chardon marie et du charbon actif pour désintoxifier le foie et le corps, de l’ecchinacee pour renforcer mes défenses immunitaires, des ovules d’huile essentielles, un régime anti mycose et alcalinisant et une cure de compléments alimentaires de plusieurs mois alliant une synergie de choses antimycosiques (curcuma, acide caprylique…).

    Ce traitement et cette prise de conscience des « outils » existants ont été bénéfiques dans le sens où j’ai réussi à mieux « contrôler  » le candida en évitant les grosses crises. L’homéopathie : monilias albicans + hélonias doicas (super pour limiter les sécretions) m’a aussi beaucoup aidée. Néanmoins, la gêne permanente (sensation de démangeaisons et d inconfort fortement accentuée après les rapports) à toujours persistée.

    En vous lisant, je comprends que je dois effectivement être allergique. Ce qui explique que les gynécologues ne détectent pas la mycose lors de l’examen clinique. Ils disent que ça n y ressemble pas (pas de sécrétion…). En revanche, les prélèvements révèlent toujours le candida albicans, non plus sous forme de « nombreuses colonies » (comme avant le régime alimentaire anti mycose) mais sous forme de « rares colonies ». Mais ces rares colonies ont l’effet d’une armée chez moi !

    Autre information… les moments où j’ai été le moins gênée ont été lors de mes 2 grossesses et allaitement. La piste de la progestérone est donc sûrement effectivement à creuser…

    Donc…

    1. Je vais reprendre une cure de 6 mois d orofloco pour avoir un peu de répit physique et psychologique et ne plus angoisser à l’idée d avoir un rapport, d aller à la piscine, de faire du vélo, de porter un pantalon, de manger un part de gâteau d anniversaire….
    2. après le traitement, quand la mycose reviendra, je vais consulter un allergologue ou un homéopathe. Il pourra cibler en visant cette fois ci l allergie…
    3. en dernier recours, partir sur de la progestérone pure…

    ça m’offre de nouvelles perspectives… et peut être le bout du tunnel…

    Vraiment, un très grand merci à vous…

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    1. je me permets d’intervenir car je suis abonnée au blog et votre histoire ressemble à la mienne, j’ai vécu pareil jusqu’à une consultation spécialisée au CHU de Lyon, la posologie du fluconazole n’était pas assez forte (il fallait du 200 et de manière rapprochée pendant un bon moment), j’ai aussi fais des douches vaginales au bicarbonate

      le traitement a duré 2 ans j’en suis débarrassée désormais mais les mycoses m’ont laissée une vestibulite pendant longtemps

      j’espère que ça pourra vous aider

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      1. merci laetitia de votre retour d’expérience . Je penserais aux 200 mg de fluconazol ( j’en prescris 150) Mais oui je prescris parfois 2 ans de traitement si rechute au bout de 6 mois mais dans le cas qui nous occupe, il faut faire attention au foie ….donc ne pas prescrire trop longtemps ce produit ou alors faire une surveillance des enzymes hépatiques fréquemment

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    2. il est aussi possible que ces mycoses aient entrainé une névralgie pudendale avec prurit aux frottements auquel cas ce sont vos petits nerfs qui démangent sans qu’il y ait attaque mycosique . La NP se diagnostique à Aix en Provence clinique de l’avancée

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  2. Je vous remercie.

    Je ne pense pas qu’il y ait une névralgie pudentale. Je n’ai pas tous les symptômes.

    Je vous tiendrai informée des résultats obtenus suite au rdv chez un allergologue dans quelques mois. Si ça peut aider d’autres personnes…

    Je garde espoir !

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  3. Bonjour,

    Merci infiniment pour tous vos conseils précieux.

    J’ai eu des mycoses et cystites à répétition pendant des années que j’ai réussi à bien gérer en réglant un problème de sécheresse vaginale (Mucogyne gel chaque semaine pour hydrater et Replens « traitement des odeurs vaginales » pour rééquilibrer mon ph des que je ressens de petits désagréments).

    il y a trois semaine j’ai fait une cystites traitées par Monuril avec succès.

    Il y a une semaine j’ai été me baigner à la mer et j’ai gardé mon maillot humide quelques heures… erreur fatale ! J’ai la sensation de mycose depuis et c’est de plus en plus désagréable. J’ai eu la sensation de cystite également. J’ai mis deux pipette de Replens pour acidifier mon vagin a deux jours d’intervalles mais rien n’y fait les démagésons empirent et j’ai maintenant des brulures en urinant et une forte envie d’uriner.

    Aujourd’hui j’ai consulté mon généraliste qui m’a fait une analyse d’urine (ils ont une infirmière au cabinet qui fait des bandelettes mais pas ECBU complet avec antibiogramme) et j’ai bien des leucocytres et nitrites typiques d’une cystite. Il m’a prescrit Selexid pendant 3 j. et Candazole ovule 300mg plus Econazole creme 1% pendant 2 à 3 semaines pour la mycose.

    J’ai acheté en plus de l’urtralevure 200mg que je compte prendre six fois par jour selon vos recommandations.

    Ma question est la suivante : Est ce que je peux prendre l’ovule et le L’econazole ou bien je risque de trop abimer ma vulve et vagin et repartir sur un cycle de mycoses à répétitions avec l’inconfort associé? J’ai commencé l’antibio car j’ai bien la présence des bactéries mais on n’a pas fait de PV du coup je ne suis pas sure pour la mycose. Est ce que je peux tester des alternatives plus naturelles dans un premier temps avant de prendre les antifongiques?

    Merci beaucoup pour votre aide car je suis un peu perdue :/

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    1. je ne vois pas d’alternative naturelle à part Lactibiane ATB fait exprès pour éviter les mycoses post antibiotiques Melissa et si mycose authentifiée dans un PV demandez du fluconazol per os en cure courte plutôt que crèmes et ovules asséchants

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