Savoir interpréter un prélèvement bactériologique vaginal

Une lectrice m’a demandé de bien vouloir lui traduire les éléments d’un prélèvement vaginal pour savoir ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.

Voici le détail d’un prélèvement normal

PH : ce qu’il faut savoir, c’est qu’un vagin a un PH un peu acide. Lorsque le vagin devient moins acide, la flore normale de Doderlein tend à disparaître et à laisser la place au Gardnerella. Le sperme n’est pas du tout acide et favorise la prolifération du Gardnerella. Il existe des comprimés appelés Prevegyne à mettre au fond du vagin, après les règles, six jours par mois, pour acidifier le vagin et empêcher la prolifération du Gardnerella, germe malodorant, peu dangereux mais fort désagréable.

CYTOLOGIE

Trichomonas : pas vu (c’est normal, le trichomonas est un parasite qui ne doit pas fréqenter notre vagin)

Leucocytes : rares (de nombreux leucocytes indiquent parfois mais pas toujours, une infection larvée )

Hématies : absence ou rares

Cellules épithéliales : quelques (c’est normal) ou nombreuses (cela signifie que vous prenez depuis longtemps la pilule )

MYCOLOGIE

examen direct et culture doivent être négatifs sinon il y a présence d’un candida albicans qui signe une mycose. Il existe d’autres types de candida comme le Krusei mais ils sont rares et se traitent de la même façon que le candida albicans.

BACTERIOLOGIE

La flore de Doderlein ou flore lactobacillaire, notre flore de défense, doit être présente mais en faible quantité.

Quand il est mentionné flore de doderlein absente, c’est que votre vagin est sec « à la ramasse » soit parce que vous êtes ménopausée sans traitement local, soit parce que vous avez pris des antibiotiques locaux ou généraux qui ont tué le Doderlein.

Quand il est mentionné flore de Doderlein abondante, cela signifie que votre flore n’est pas de bonne qualité ( stress, trop de sucres ).

Il est important d’avoir juste ce qu’il faut de bacilles de Doderlein et on améliore la qualité de sa flore en utilisant :

Trophigil ou Florgynal ou Geliofil jusqu’à obtention d’un confort vaginal.

L’absence de Doderlein rend le vagin sec, et son excès donne des brûlures et des piccotements qui peuvent faire croire, à tort, à une mycose.

On peut trouver aussi, sans que ce soit dangereux d’autres germes amicaux comme le staphylocoque saprophyte (pas le doré !)

C’est dans la case bactériologie que l’on peut repérer :

des germes venus des intestins (colibacille, enterocoque, streptocoque B),

des germes produits par notre corps quand on est fatiguée : le fameux Gardnerella qui pousse dès que le PH vaginal n’est pas assez acide,

des germes venus de l’extérieur, comme les anaérobies (qui donnent des pertes blanches abondantes et malodorantes comme le Gardnerella. Le traitement est le même à base de Flagyl mais les résultats d’une cure sont définitifs !).

Le prélèvement vaginal peut être complété par un prélèvement endocervical à la recherche de :

gonocoque : négatif bien sûr !

chlamydiae : négatif, bien sûr !

mycoplasme :

ureaplasma uréalyticum : pas du tout grave, pas forcément sexuellement transmis, donne souvent des cystites à répétition, ne doit être traité que si leur nombre est supérieur à 10 000

hominis : pas vraiment grave, uniquement sexuellement transmis, donne des glaires malodorantes, se traite comme son cousin par antibiotiques à prescrire aux deux partenaires.

Quand ça démange et que ce n’est pas une mycose

Ce n’est pas parce que ça démange qu’il s’agit d’une mycose !

Il existe quelques infections vaginales et vulvaires qui provoquent un prurit plus ou moins intense.

LE TRICHOMONAS

C’est un petit parasite uniquement sexuellement transmis. On fait le diagnostic de certitude par un examen cytobactériologique mais il est assez facile de diagnostiquer la présence de ce parasite à la qualité des pertes blanches. Une mycose donne des pertes blanches « lait caillé », acides, et toujours inodores. Le trichomonas donne des pertes blanches certes prurigineuses, mais très mousseuses, bulleuses et très malodorantes.

Le traitement est simple : une cure de Fasigyne 500 pour la femme et son partenaire

L’infection à trichomonas est assez rare et sans aucun danger.

LE GARDNERELLA

C’est un microbe que notre corps développe. Ce n’est pas une infection sexuellement transmise. La présence de ce microbe signifie que notre système écologique vaginal est perturbé.

Lorsque notre bacille de Doderlein disparait, une flore de substitution colonise notre vagin et le Gardnerella prolifère.

L’infection à Gardnerella a une symptomatologie très proche de celle du candida : pertes blanches, prurit vulvaire, mais il existe une différence notoire : la mauvaise odeur, mauvaise odeur exacerbée par le sperme à la fin du rapport sexuel.

Je le répète : une mycose ne donne pas de mauvaise odeur.

Le traitement du Gardnerella est à la fois facile (le microbe meurt en une seule administration de FLAGYL ovule ou comprimé) et difficile (il repousse très vite si les conditions écologiques locales n’ont pas été améliorées).

C’est pourquoi le Gardnerella est si difficile à faire partir pour de bon. Voici ma recette préférée qui permet à une patiente d’être débarrassée de ce microbe pour de longs mois : Flagyl ovules pendant 6 jours suivis par Terlomexin 6 jours (pour enrayer une mycose développée à la suite du Flagyl, un antibiotique) suivis par Trophigil un soir sur deux pour réensemencer le vagin en bacilles de Doderlein, notre bacille protecteur, et le tout accompagné de Bion 3, un probiotique pour rééquilibrer la flore intestinale. Le Bion 3 n’est pas remboursé et certaines de mes patientes ne le prennent pas. Et bien la différence d’efficacité est flagrante.

J’ai traité par quatre fois une de mes patientes jusqu’au jour où elle a accepté d’associer le Bion 3 à la thérapeutique antibiotique ….et elle n’a jamais rechuté en plus de trois ans !

Le Geliofil est aussi un très bon produit pour enrayer le Gardnerella. Il peut agir seul, par cure de 6 jours, et supprimer le microbe en favorisant la croissance d’un bon bacille de Doderlein.

Le Gardnerella est accusé de favoriser la rupture des membranes chez une femme enceinte et causer un accouchement prématuré. Le Geliofil est alors très utile pour prévenir les infections chez les femmes sujettes au Gardnerella.

Le savon favorise ce microbe : il est donc conseillé aux femmes sujettes à cette infection de ne pas prendre de bains moussants et d’utiliser des savons sans savon pour l’hygiène intime comme Saugella bleu ou, encore mieux, Jaïlis qui est un soin de peau régénérant. Il existe dans cette gamme un soin de lavage intime, un baume régénérant et, surtout une brume déo protectrice qui rend un sacré service à toutes mes patientes qui redoutent de sentir mauvais.

La ménopause est un état qui défavorise la mycose mais qui encourage le développement du Gardnerella…sauf si l’on utilise un traitement hormonal général ou par voie locale. Les ovules Colpotrophine, la crème Trophicrème empêchent la formation du Gardnerella en aidant au développement du Doderlein.

PS : il existe un traitement souvent proposé pour traiter le Gardnerella : le SECNOL.  C’est un antibiotique, pas toujours bien toléré au niveau digestif, présenté en granulés en sachet à prise unique. J’ai abandonné la prescription de ce produit car il n’est pas plus efficace que les ovules de Flagyl, bien mieux tolérés !

LE CHLAMYDIAE

Lorsqu’une femme se plaint de mycoses à répétition ou lorsqu’il existe une rechute après un traitement bien conduit, il faut rechercher le Chlamydiae. C’est parfois ce microbe, uniquement sexuellement transmis, qui favorise la mycose : lorsque l’on supprime ce microbe, les mycoses ne réapparaissent plus.

Le Chlamydiae se recherche par un prélèvement dans l’endocol ou alors dans le premier jet urinaire et j’aurai l’occasion de consacrer un billet entier à ce microbe.

LE MYCOPLASME

Il ne favorise pas les mycoses mais plutôt les cystites. Il ne provoque aucune perte blanche mais on soupçonne sa présence car il donne une mauvaise odeur à la glaire qui coule par l’orifice cervical. Seul le Mycoplasma Hominis est uniquement sexuellement transmis.

L EXCES DE BACILLES DE DODERLEIN

Notre bacille de défense peut parfois nous jouer des tours. Lorsque nous sommes stressées, il peut proliférer en quantité trop importante et nous gêner par de petites brûlures, de petites démangeaisons et des irritations lors des rapports sexuels.

On croit à une mycose, on va chercher un ovule en pharmacie qui soulage pour quelques jours et puis la symptomatologie recommence et on s’imagine avoir une mycose mal soignée. Le prélèvement vaginal objective une absence totale de levure  et un excès de bacilles de Doderlein . Il faut prescrire un ovule de Gynopevaryl et puis des cures de Geliofil pour restaurer l’équilibre de la flore ….et prévenir la patiente qu’il pourra y avoir une nouvelle crise lors d’un stress : le baume reflorant Jailis est alors le soin qu’il convient de préconiser. Je n’ai pas l’expérience des tampons Florgynal dans cette « pathologie « .

LE STREPTOCOQUE B

Il ne donne jamais de démangeaisons mais de petites brûlures. Je parlerai dans un prochain billet de ce microbe très dangereux pour un nouveau né le jour de l’accouchement.

Mais le prurit vulvaire peut être dû à des causes non infectieuses, c’est ce que je vais vous expliquer dans mon prochain billet.

Quand ça saigne lors des rapports sexuels : l’infection du col

L’infection du col est une cause très fréquente de saignements spontanés ou lors des rapports sexuels. Lorsqu’une patiente se plaint de métrorragies provoquées, il faut penser immédiatement à la possibilité d’une infection et faire les prélèvements adéquats pour rechercher la cause majeure de la fragilité du col : l’infection du canal cervical par la bactérie chlamydiae trachomatis. Il faut aussi faire le diagnostic de cette infection sournoise quand on saigne spontanément et ne pas toujours penser qu’il s’agit de la pilule qui ne convient plus !

Cette petite bactérie passe souvent inaperçue et il faut savoir la repérer à de petits signes

du pus sort de l’orifice du col ou

le col se met à saigner dès qu’on le touche avec un écouvillon

mais, parfois, il n’y a aucun signe clinique : il faut rechercher le chlamydiae dès qu’une patiente présente des saignements même si son col nous parait normal.

On fait alors un prélèvement bactériologique à apporter immédiatement au laboratoire car le chlamydiae est fragile. Hélas, les résultats ne sont pas toujours probants car cette bactérie à la particularité d’avoir des cycles : un cycle « d’incubation » où on ne peut la dépister et un cycle de « sortie »où on la piège au laboratoire. C’est pourquoi, quand un col saigne à l’écouvillonnage,  je prescris volontiers un traitement antibiotique ( zithromax monodose, ciflox, oflocet) afin d’enrayer l’infection à son tout début….même si les résultats bactériologiques reviennent négatifs. Le chlamydiae est un microbe qui peut remonter dans l’utérus puis les trompes et les boucher rendant la patiente stérile. L’infection à chlamydiae se prévient fort bien par le port du préservatif….mais la plupart de mes patientes n’utilisent plus les préservatifs dès que le test HIV de leur partenaire revient négatif, mais le chlamydiae n’est pas le HIV, il ne se dépiste pas par prise de sang ! Le chlamydiae passe inaperçu chez l’homme et c’est en tout innocence qu’il contamine sa partenaire.

Voici un col infecté avec du pus qui coule de l’endocol

Il faut, en voyant un tel col, faire un prélèvement à la recherche de chlamydiae et traiter immédiatement.

Les infections vaginales à candida, trichomonas, colibacilles, streptocoque, ne donnent jamais un col friable. Ces infections restent dans le vagin et ne remontent pas dans l’utérus.

Le mycoplasme est aussi une petite bactérie qui se loge dans le col de l’utérus mais elle ne le fait jamais saigner.

L’herpès est un virus qui peut s’accrocher au col de l’utérus et il est très difficile à repérer dans ses formes frustres. L’infection herpétique du col passe souvent inaperçue. Il est vraisemblable qu’il existe des saignements du col liés à des infections herpétiques qu’on ne dépiste pas toujours.

Le virus HPV ne fait jamais saigner le col. Vous le savez maintenant, c’est une infection asymptomatique même au stade du cancer in situ ! Ce n’est que lorsque le cancer est invasif qu’il fait saigner le col. Voici une image de col porteur d’un cancer : la lésion va saigner, et lors des rapports sexuels, et lors de mon examen.

Je vous rappelle qu’il est impossible de présenter un tel cancer si on réalise ses frottis tous les ans voire tous les deux ans. Cette image est celle d’un col d’une femme qui n’a pas été correctement suivie. Le diagnostic se fait par les frottis et par une biopsie.

Voici donc trois causes de métrorragies provoquées : deux causes très fréquentes (l’ectropion et l’infection endocervicale) et une cause très rare de nos jours (le cancer invasif du col)  Dans le billet suivant, je vais vous exposer une quatrième cause de saignements lors des rapports sexuels : le polype.