Bien évidemment, le traitement le plus adapté d’une dyspareunie psychogène est un traitement à visée psychothérapique : consultation de sexologie ou entretiens avec des conseillers conjugaux.
Seulement, les psychologues sont rares dans les hôpitaux publics, ceux du privé n’inspirent pas toujours confiance, leur consultation n’est pas prise en charge par la sécurité sociale, les sexologues ont leur cabinet dans de grandes villes et sont difficilement joignables. Et puis, tout simplement, mes patientes ne veulent pas toujours effectuer une démarche de remise en question de leur couple, de leur sexualité auprès de spécialistes souvent compétents …mais pas toujours…
Que peut-on proposer ?
L ‘ ARRET DE LA PILULE est une étape primordiale.
Il faut diminuer la sécheresse vaginale et le meilleur moyen pour y parvenir est d’abandonner une pilule prise depuis plus de 10 ans parfois.
Si la pilule est contraceptive c’est qu’elle délivre, 21 jours sur 28, au moins, de la progestérone de synthèse, or cette progestérone assèche les muqueuses. Les hormones féminines donnent de la glaire cervicale, lubrifiant naturel du vagin. Autrefois, il existait des pilules très riches en hormones féminines qui permettaient de provoquer une sécrétion abondante de glaire. Ces pilules, fortement dosées, ont disparu au profit de « mini dosées » voire de « micro dosées » (sous entendu, en hormones féminines). C’est parfait pour le poids, la pression artérielle, la circulation artérielle et veineuse mais c’est une catastrophe vaginale chez certaines patientes, surtout au bout de nombreuses années de prise ininterrompue !
Le vagin sec, brûle. Il existe quelques pilules meilleures que d’autres pour augmenter la production de glaire mais rien ne remplace le travail de la nature. Dès l’arrêt de la pilule, les ovaires se remettent à travailler, des hormones naturelles sont fabriquées…et la sécheresse vaginale disparait en un mois!
Une femme secrète 300 pg d’oestradiol lors du pic ovulatoire. Une femme sous pilule a dix fois moins d’hormones féminines pour favoriser sa vie sexuelle qu’une femme qui ne prend pas la pilule.
Lorsqu’il existe une sécheresse dûe à une pilule trop peu dosée, les rapports sexuels sont douloureux, la femme les redoute, les évite. Son compagnon ne comprend pas toujours cet évitement, l’interprète comme un manque d’amour et un conflit peut s’installer qui va diminuer la libido, la lubrification vaginale…et aggraver la dyspareunie. Il est donc essentiel, lorsqu’une patiente vous parle de sécheresse vaginale, de faire en sorte que l’appareil génital retrouve son fonctionnement normal….en arrêtant, si c’est possible, et au plus tôt, la contraception orale.
Une dyspareunie ne peut pas être qualifiée de psychogène tant qu’on n’a pas oeuvré pour que les conditions locales vaginales soient optimales en vue du rapport sexuel. Lorsque ces conditions sont optenues et que la dyspareunie persiste, alors on peut, légitimement, se demander s’il n’existe pas un conflit conjugal inconscient responsable de la sécheresse des muqueuses par abscence de désir, Cette étape thérapeutique médicale doit être franchie pour faire le diagnostic précis de l’origine de la dyspareunie.
L’examen clinique objective fort bien la sécheresse vaginale : le vagin est pâle, comme décoloré. Aucune glaire ne coule par l’orifice cervical. Parfois le vagin d’une jeune femme sous mini pilule peut être plus sec que celui d’une patiente de 70 ans sans traitement de la ménopause ! C’est un comble ! Heureusement, cette situation de « quasi ménopause » est vite réversible.
L’interrogatoire confirme l’hypooestrogénie en mettant en évidence une diminution du volume des règles qui arrivent très en retard après l’arrêt de la plaquette. Cette insuffisance oestrogénique explique la sécheresse vaginale et la dyspareunie ( et la baisse de la libido qui aggrave le manque de lubrification !)
Il est conseillé de bien expliquer à la patiente que cette hypo oestrogénie chronique est la cause de sa souffrance vaginale afin de la persuader de mettre fin à une contraception facile. Ce n’est pas toujours aisé.
Lorsque je ne parviens pas à convaincre ma patiente dyspareunique d’arrêter la pilule, je propose des pilules à « climat oestrogénique »: Jasmine, Belara et surtout l’anneau contraceptif Nuvaring, une contraception très douce qui perturbe peu le corps féminin. Une dernière solution est de prescrire la micropilule Microval
Cette pilule n’est contraceptive qu’en coagulant la glaire pour empêcher la montée des spermatozoïdes vers l’utérus en vue de la fécondation. Microval laisse des ovulations, donc les ovaires sont moins bloqués que sous une pilule plus classique et permettent une secrétion d’hormones féminines.
Hélas, cette pilule n’est pas contraceptive à 100 % et sa prise doit se faire tous les jours à heure fixe. C’est une contrainte.
Proposer un DIU au cuivre est une solution pour les femmes dyspareuniques ayant eu un enfant….à condition que la patiente accepte l’idée de porter un corps étranger dans l’utérus ! Cette proposition peut se faire chez une nullipare sous certaines conditions : utérus de bonne taille, règles peu abondantes, peu douloureuses, patiente acceptant des visites régulières pour dépister au plus tôt une infection qui pourrait entraîner une salpingite, source de stérilité tubaire.
Attention de ne pas poser tout de suite un DIU après plusieurs années de pilule et une hypo oestrogénie évidente : quand il existe une sécheresse vaginale, il existe immanquablement une sécheresse utérine et si l’on pose le DIU juste après les règles provoquées par l’arrêt de la pilule, on risque la perforation utérine ! Il vaut mieux attendre trois cycles naturels, c’est à dire trois règles spontanées, pour poser le stérilet dans un utérus au mieux de sa forme !
L’implant n’est pas conseillé car il met la patiente en aménorrhée…et ne délivre pas un gramme d’hormone féminine ! Idem pour le DIU Mirena et la pilule Cerazette.
Vous avez compris : il est impératif, pour traiter une dyspareunie, de redonner au vagin toute sa souplesse et sa lubrification naturelle et l’arrêt de la pilule est le plus sûr moyen d’y parvenir !
Comment prévenir la sécheresse vaginale ? Bien choisir son partenaire, bien sûr, mais aussi bien choisir sa pilule.
Voici quelques pilules qui ont des effets délétères vaginaux sur le moyen terme
MERCILON / CYCLEANE 20
Cette pilule très prescrite il y a dix ans a été une grande pourvoyeuse de dyspareunie par sécheresse vaginale . Curieusement, son générique remboursé, qui est très prescrit actuellement( DESOBEL 20), ne donne pas de sécheresse vaginale intempestive. Pour une fois qu’un générique est meilleur qu’une molécule princeps !
CERAZETTE
C’est une pilule sans un gramme d’hormone féminine, assez bien tolérée chez la femme…sauf en post partum !
C’est la seule autorisée lorsqu’on allaite : elle entraîne, dans ce moment précis de la vie d’une femme, une sécheresse vaginale intense avec brûlures et dyspareunie. L’allaitement complet supprime la production d’oestrogènes alors avec Cérazette qui bloque tout travail des ovaires et qui ne répare pas le vagin , c’est l’enfer assuré pour la reprise des rapports sexuels, d’autant qu’une femme qui se consacre à son enfant n’a pas toujours une envie folle de son conjoint ! Il est impératif de bien prévenir les jeunes mamans d’utiliser des produits lubrifiants lors du post partum pour permettre une reprise tout en douceur de la vie sexuelle.
Lorsqu’une patiente allaite mais ne prend pas Cerazette, le vagin est sec mais beaucoup moins atrophique que sous pilule et la sécheresse disparait vers deux trois mois de post partum alors qu’elle peut durer jusqu’à six mois sous pilule. D’ailleurs, le retour de couches qui signe la reprise du travail des ovaires, se fait plus rapidement sans pilule alors qu’il faut attendre six, sept mois après un accouchement pour voir un retour de couches lorsque l’on prend Cerazette.
L’utilisation de Cerazette comme contraception du post partum n’a qu’un seul point positif : c’est une contraception 100% efficace ..
Voici quelques marques de pilule qui n’entraînent presque jamais de sécheresse vaginale :
TRINORDIOL / DAILY GE
Je n’ai jamais eu à me plaindre de ces pilules de seconde génération. Mes patientes peuvent les utiliser pendant des années sans qu’il y ait d’effet atrophiant sur les muqueuses vaginales. Elles donnent trois fois moins de risques de phlébite que les pilules de dernière génération. Jamais je n’ai vu une de mes patientes faire un cancer du sein sous ces marques.
JASMINE
C’est une pilule proposée chez la femme acnéique qui ne veut pas prendre de poids
Je ne me souviens pas d’utilisatrices de Jasmine qui se soient plaintes de sécheresse vaginale.
NUVARING
Aucun problème avec cette nouvelle contraception. Je dis souvent « l’essayer, c’est l’adopter ». La sécheresse vaginale ne se présente pas lors de l’utilisation de cet anneau vaginal qui s’oublie une fois en place. Mais certaines patientes ont des réticences psychologiques à utiliser un anneau vaginal.
Des produits,crèmes, ovules, gels, existent pour améliorer la lubrification vaginale, diminuer la sécheresse, bref, rendre les rapports sexuels moins douloureux.
Je vous les détaille dans mon prochain billet.